Vu au cinéma en 2015 : épisode 8
Quelques avis (de passage) sur les films vus en septembre et octobre 2015, avec au programme : un tricheur en jaune, une bourgeoise qui se prend pour Patrick Bruel, des filles de joie à la Medina, des grands-parents à peine terrifiants, des trafiquants de drogue mexicains (...pléonasme) et un sale gamin de Paris.
The Program - Stephen Frears
Pas facile de retranscrire au cinéma le plus grand scandale de l’histoire du sport moderne. Pourtant, Stephen Frears s’en est plutôt bien sorti en mettant en scène le cycliste Lance Amstrong et la manière avec laquelle, durant des années, il a berné les contrôleurs de l’UCI et la planète entière sur ses performances. Le réalisateur anglais dresse le portrait d’un sportif mégalo au parcours et à la personnalité atypique en nous plongeant dans les coulisses du Tour de France, nous montrant bien les enjeux du dopage. Passionnant et haletant comme un polar. [7.5]
Marguerite - Xavier Giannoli
Marguerite, une riche bourgeoise, délaissée par son mari et qui s’ennuie, rêve de chanter un jour à l’opéra. Elle fait tout pour y arriver. Mais voilà, elle Chante faux. Et tout le monde le sait sauf elle. De cette histoire incroyable mai vraie, Xavier Giannoli fait un film très plaisant à regarder, mis en scène dans des décors début XXème superbement reconstitués, et nous gratifiant de quelques scènes assez cocasses dont une leçon de chant mémorable en compagnie de l’acteur Michel Fau. [7.0]
Much Loved - Nabil Ayouch
J’attendais beaucoup plus de ce film qui finalement ne tiendra pas ses promesses, soit rendre compte du quotidien de quelques prostituées à Marrakech. Malgré l’aspect tout à fait louable et honnête du propos, le film pèche par un scénario trop léger et trop fabriqué, voulant à tout prix rassembler tous les profils de femmes et de clients que l’on peut trouver dans les nuits de la Medina. Du coup, le film ressemble plus à un catalogue de caractères, et de situations, sans doute vraies, mais qui, mises bout à bout, donnent un aspect répétitif et ennuyeux au récit. Le charme de ces filles et les jolies scènes de nuit en voiture ne suffisent pas à faire de ce Much Loved plus qu’un petit film. [4.5]
The Visit - M. Night Shyamalan
On a perdu M. Night Shyamalan depuis un petit moment déjà, mais on gardait malgré tout une certaine tendresse pour son cinéma dans lequel il essayait, faute de proposer des scénarios convenables, de travailler un minimum sa mise en scène. Ici, il lâche complètement l’affaire avec une histoire bidon au possible, jamais effrayante, jamais drôle et filmée selon le principe du "found footage" qui, en l’occurrence, est une négation de toute idée de mise en scène. C‘est laid, c’est vain, c’est long, et même en se forçant, on n'y croit pas à seul instant à cette histoire sans queue ni tête de gamins en vacances chez leurs grands-parents détraqués. Nominé pour le titre du "plus gros nanar de l’année 2015". [2.0]
Sicario - Denis Villeneuve
Les films de cartels, de mexicains trafiquants de drogue, on aime ça surtout quand c’est mis en scène par des réalisateurs aussi talentueux que Soderbergh ou Denis Villeneuve. Car plus que le scénario qui n’est pas franchement le point fort du film, la réalisation de Villeneuve fait son petit effet notamment à deux moments clés du film : Le premier est une longue séquence filmée comme une étape du Tour de France, dans laquelle un chef de gang est déplacé d’une prison mexicaine à prison américaine. Le second est une scène d’action filmée en caméra à vision nocturne dans un tunnel passant sous la frontière. Pour reste, les acteurs font le taf et on passe un excellent moment. [7.5]
Lolo - Julie Delpy
J’aime les films de Julie Delpy. Ses histoires de familles névrosées, ses engueulades autour d’une table, ses personnages hystériques sous influence Woody Allen (Two Days in Paris, Two Days in New York, Le Skylab). Avec Lolo, elle ratisse plus large et tente de se faire une place dans la comédie populaire française. Mauvaise idée tant son film tombe à plat. Jamais drôle, (son duo de femmes vulgaires avec Karin Viard ne fonctionne jamais), la critique ou la satire sur le milieu de la mode parisien branché bobo se résume à une enfilade de clichés lourdingues. Le trio que Julie Delpy forme avec Dany Boon et Vincent Lacoste, c'est très téléphoné. Et malgré les efforts de chacun, le film ne dépasse jamais le stade de la petite comédie franchouillarde comme on en voit trop chaque année. Déception. [3.0]
L’homme irrationnel - Woody Allen
Bien souvent on voit les films de Woody Allen puis on les oublie aussi vite. L’homme irrationnel pourrait bien faire partie des films que l’on oubliera moins vite que les autres. Car cette histoire de prof de philo qui redonne un sens à sa vie en voulant rendre la justice à sa façon, même si l’on y croit moyennement, nous fait passer un agréable moment sans pour autant sauter au plafond. A mi-chemin en drame et comédie, le film bénéficie d’un trio d’acteurs épatant (Joaquin Phoenix, Emma Stone Parker Posey) et délivre une farce noire et cynique, filmée avec beaucoup de légèreté et d’élégance... même si le tout ça ne renouvelle en rien le cinéma de Woody Allen. Mais ça, on est un peu habitué. [7.0]