Vu au cinéma en 2015 : épisode 7
Un dieu auquel on ne croit guère, un sri-lankais en banlieue, du gazon maudit, des chaines en or qui brillent, un flic extra-lucide et des espions peu séduisants, c’est la revue des films vus fin août, début septembre.
La belle saison - Catherine Corsini
Voici un joli film de fin d’été qui raconte l’amour impossible entre deux jeunes femmes à l’aube des années 70 : Delphine, la fille des champs et Carole, la fille des villes. Catherine Corsini signe un film militant et plutôt attachant porté par deux actrices épatantes et sans complexe. Si la première partie est peu poussive avec une reconstitution du Paris post-68 en mode téléfilm, le film gagne en intensité et en qualité dans la seconde partie, quand les deux femmes se retrouvent à la campagne dans la ferme de Carole, devant se cacher pour échapper au regard et à l’incompréhension de la mère (et des autochtones. Une jolie histoire d'amour qui mérite d’être vu surtout pour la performance des actrices, Cécile de France, Izïa Higelin, et Noémie Lvovsky. 6.5
Dheepan - Jacques Audiard
Palme D’or contestée dès la clôture du festival de Cannes 2015, Dheepan est effectivement loin d’être une palme grand cru et un film inoubliable. Tout n’est pourtant pas à jeter dans la dernière réalisation de Jacques Audiard. Car cette façon de s’approprier les codes du western pour décrire une cité fantasmée (ou non) vue à travers les yeux d’un immigré Sri Lankais fuyant la guerre dans son pays est sans aucun doute la partie la plus intéressante du film. Drame social, thriller, film de gangster, Dheepan c’est tout ça à la fois. Dommage juste qu’Audiard gâche un peu notre plaisir en choisissant une double fin brutale et presque facile, qui ne se semble pas coller avec le reste du film. 7.0
Le tout nouveau testament - Jaco van Dormael
Une chose est sûre, on ne pourra pas reprocher à Jaco van Dormael le manque d’originalité de ses films. Le problème c’est que vouloir faire un film poétique et au scenario déjanté est une chose tout à fait louable, mais quand l’écriture n’est pas au rendez-vous, ça donne un nanar de première comme c’est le cas ici. Car malgré un casting 95% Made In Belgium, très alléchant sur le papier, le film s’avère totalement indigeste. Pas drôle, grotesque, sans la moindre subtilité Van Dormael avance avec ses gros sabots et sa poésie à trois sous, nous gratifiant de scènes souvent à la limite du grand n’importe quoi celle, par exemple, ou Catherine Deneuve se retrouve au lit avec un gorille. A oublier très vite. 3.0
N.W.A - Straight Outta Compton - F. Gary Gray
Le film référence sur le rap qu’on l’on attendait depuis un moment est plutôt une bonne surprise. Si la réalisation est un peu lisse, avec une mise en scène qui manque un peu de folie (j’aurais rêvé de voir Scorsese sur un tel projet), le scénario est plutôt intéressant, replaçant bien le groupe emblématique du Gansta-rap dans le contexte du début des année 90 avec la répression policière très sévère, notamment en banlieue de Los Angeles, dans la ville de Camtpon, d’où son originaires Eazy-E, Ice Cube et Dr. Dre, les trois principaux protagonistes de cette histoire. On pourra également regretter le côté un peu trop référencé du film qui risque de laisser par moment le cinéphile lambda sur le côté, et également l’absence de part d’ombre de personnages. Heureusement, la bande son est impeccable et donnera forcément envie de se replonger dans le son de cette époque bénie du rap. 7.5
Prémonitions - Afonso Poyart
Difficile de renouvelle le genre du film de serial-killer. C’est pourquoi, avec Premonitions, les scénaristes on décidé de mettre un peu paranormal dans leur histoire et ainsi pimenter un peu le scénario. Et ça fonctionne plutôt bien. Même si le film est très codifié et n’apporte pas vraiment de nouveauté dans la manière de présenter les meurtres et de mettre en place les protagonistes, on se laisse pourtant prendre au jeu avec une réalisation très confortable, avec au casting un Anthony Hopkins impeccable dans le rôle de l’enquêteur doté du don de medium. Enfin, signalons la petite référence à propos du toujours très sensible thème de l’euthanasie qui est abordé avec beaucoup de de subtilité dans la dernière partie du film. Assez rare dans ce genre de production hollywoodienne pour être mentionné. 6.5
Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E - Guy Ritchie
On était en droit d’attendre une adaptation fidèle et réussie de cette série culte et assez peu connue des années 60 portée à l’époque par deux acteurs très charismatiques : Robert Vaughn et David McCallum. Et bien c’est raté. Dommage, car Guy Ritchie est plutôt un bon faiseur hollywoodien, mais là, il se heurte à un scenario écrit à la truelle, sans la moindre consistance et avec deux acteurs bien fades. La première partie est interminable, il ne se passe quasiment rien, on s’ennuie à 100 sous de l’heure. On a l’impression d’être dans un sous James Bond période Pierce Brosnan avec une forme de décontraction ringarde et d’humour pas fin qui fait pschitt à chaque séquence. Remboursé ! 3.5