Vu au cinéma en 2015 : épisode 3
C’est parti pour une revue en accéléré des films sortis durant le printemps dernier et à Cannes. Premier volet avec 5 films du mois de mai.
Maggie - Henry Hobson
La clinteaswoodisation de Schwarzy est en marche. Les réalisateurs jouent de plus en plus sur l’image du papi bourru un brin mutique, attaché aux vraies valeurs, à la famille, à l’amitié… bref, l’image du type qui faut pas faire chier. Toutes rides en avant donc, gouverneur de l'État de Californie campe ici le rôle d’un père de famille qui refuse de laisser sa fille partir en quarantaine après avoir été infectée par un virus qui la transforme petit à petit en zombie. Maggie n’est pas un film de zombie mais bien un drame intimiste, en huis-clos, dans lequel il ne se passe pas grand chose de palpitant. On s’ennuie un peu, la tension n’est jamais à son comble, il n’y pas vraiment de surprise. Un petit film qui aurait pu être un poil plus relevé. 4/10
Le Labyrinthe du silence - Giulio Ricciarelli
Si vous aviez aimé le film sur Hannah Arendt sorti en 2013, vous risquerez fort d’apprécier Le Labyrinthe du silence. Film dossier, film pédagogique, film intéressant, Le Labyrinthe du silence met en scène un jeune procureur désireux d’ouvrir les yeux de ses compatriotes sur les atrocités commises par certains d’entre eux pendant la guerre 39-45, et plus particulièrement celles qui ont eu lieu dans le camp d’Auschwitz. Cette réalisation aux allures de bon téléfilm a le mérite de bien nous faire comprendre les enjeux du procès des SS d’Auschwitz et le contexte assez étrange de l’après guerre chez nos voisins allemands où régnait une forme de déni de ce qui s’était passé quelques années auparavant. 7/10
Ex-machina - Alex Garland
Très attendue, la première réalisation d’Alex Garland s’empare du thème de l’intelligence artificielle dans un film visuellement très agréable à regarder, très stylisé, mais qui pèche un peu par le manque de profondeur et d’intensité de son récit. La faute d’abord à des personnages principaux dont on a vite fait le tour et dont on comprend très vite ce qui les anime et là où va les conduire le scénario. Car oui le film, malgré sa finesse, est très lisible, presque trop, et manque finalement d’enjeu dramatiques et de véritables rebondissements. Dommage car la fin est plutôt réussie. 7/10
L'Ombre des femmes - Philippe Garrel
Un couple, des tromperies, un appartement miteux, du noir et blanc, Philippe Garrel aux commandes. On peut s’attendre au pire du cinéma d’auteur réaliste et rachitique comme Philippe Garrel s’est en fait une spécialité depuis des décennies. Pourtant, même si le cinéma de Garrel n’a le côté pétillant et la malice de ce lui d’un Emmanuel Mouret, voire d'un Jérôme Bonnell, pour ce qui est d’évoquer le marivaudage, il reste que L'Ombre des femmes se regarde sans déplaisir malgré les clichés propres au genre et la maigreur du scénario. La raison à cela tient en grande partie à la prestation tout en simplicité et en naturel de Clotilde Courau qui illumine chaque scène de sa présence. 6/10
La Loi du marché - Stéphane Brizé
Film qui a fait causer à Cannes, le nouveau Stéphane Brizé est le film social qui a marqué la quinzaine 2015. Avec un Vincent Lindon parfait (Prix du meilleur acteur), comme toujours, le réalisateur déroule une suite de longs plans séquences, de tableaux réalistes pour évoquer quelques moments de la vie d’un homme licencié qui retrouve un emploi de vigile dans un supermarché. Il a beaucoup de justesse dans ce film qui flirte en permanence avec le documentaire, avec des scènes parfois émouvantes mais sans misérabilisme ni apitoiement. Un film très sobre et qui en dit beaucoup sur notre société actuelle. 7.5/10
