Un ange noir, de François Beaune
Après "Un homme louche", François Beaune évoque un ange noir dans son second roman qui, d’ailleurs, aurait pu s’appeler "Un homme louche 2". Car, à bien y regarder, Alexandre Petit, le personnage central de son nouveau roman, derrière son apparente banale, a tout du personnage inquiétant ; même si, au départ, de ce roman, il bien difficile de faire une opinion qui sur cet employé de la Sofres. Célibataire, vivant chez maman timide, peu expansif et pas spécialement sympathique aux yeux de ces collègues, Alexandre Petit est un homme d’une banalité confondante. Mais le décès d’une de ses jeunes collègues, retrouvée morte, noyée dans sa baignoire va donner une tournure inattendue à son existence. Étant le dernier à l’avoir vue vivante, petit va fuir, de peur d’être accusé de l’avoir tuée. Sans réfléchir, il prend quelques affaires et va se réfugier dans un hôtel miteux depuis lequel il se met à écrire frénétiquement, à raconter, sa vie, ses angoisses, sa solitude, sa méfiance vis à vis des autres et du monde actuel. Il évoque aussi sa mère et ses collègues, dont cette jeune Elsa avec laquelle il s’entendait si bien et qui l’appréciait. Petit à petit, il s’enferme dans une noirceur et une paranoïa d’autant plus inquiétante qu’il est persuadé de connaitre l’identité de la personne qui a tué la jeun femme.
Polar sans policier, Un ange noir est un roman étrange et singulier, avec une histoire que l’on suit à travers les écrits de son personnage, entrecoupés d’articles de presse de province et de lettre de sa mère destinées à la police. Dans un style vif, fait de courtes phrases, l’auteur nous plonge ainsi dans la peau de cet homme aux idées noires, aux pensées négatives dont on a bien du mal d’extraire le vrai du faux. Est-il fou ou simplement lucide ? A t-il raison de se méfier ou est il vraiment parano ? La réponse à nos questions viendra heureusement au fil des pages, dévoilant petit à petit le portrait d’un homme de son époque, particulièrement cynique, posant un regard tranché sur la société actuelle.
Avec cette façon si particulière de nous promener dans la tête de cet homme trouble, François Beaune construit un roman habile et captivant, jamais très confortable, dans lequel le lecteur est souvent tiraillé entre fascination et dégoût. Un roman aux accents céliniens, qui ne s’oublie pas si facilement.
[7.5/10]
Un ange noir, de François Beaune
Éditions Verticales
286 pages - 17.90€
Parution : août 2011