The Tree of Life, de Terrence Malick
Voir "The Tree of Life" est avant tout sur une question d’acceptation. Accepter d’abord le parti-pris formel et narratif de Terrence Malick. Acceptez ensuite de se faire balader dans de longues digressions évoquant la création du monde, la nature, la vie, l’infini. Acceptez enfin de se plonger dans les souvenirs d’un garçon à l’enfance douloureuse pendant plus de 2 heures, sans réellement maîtriser quoi que ce soit.
Oubliez donc tout ce que vous avez vu au cours de ces derniers mois sur un écran de cinéma, libérez-vous des schémas narratifs conventionnels du cinéma actuel et entrez tout entier dans ce film qui, au pire, vous régalera les rétines, au mieux vous emporta dans une réflexion poétique et philosophique sur l’amour, la mort, la vie et ses origines, la filiation et l’éducation. Vaste programme mais au combien passionnant !
L'entrée dans le film se fait d’abord sensorielle. Comme souvent chez l’auteur de "La Ligne rouge", c’est par le son et l’image que l’on entre. Pour découvrir pendant plus de 20 minutes que l‘univers est grand et beau et que, par la force des images et de la musique, on peut avoir un petit échantillon assez saisissant de cette beauté.
Ensuite, on entre véritablement dans l‘histoire, celle d’une famille américaine moyenne des années 50, où un père (Brad Pitt), fait régner son autorité d’une main de fer sur ses trois enfants, auxquels il vous un amour tout relatif, un amour froid et distancié, refusant systématiquement qu’on lui coupe la parole ou qu’on l’appelle papa. Face à ce roc, on découvre une mère aimante et douce, grâce à laquelle semble s’épanouir les enfants. Pris entre la nature rustre du père, et la grâce féminine de la mère, ces enfants ont bien du mal à trouver la stabilité et l’équilibre.
Filmé à hauteur d’enfant, le film se montre d’une beauté formelle absolument renversante, renvoyant autant au cinéma de Gus Van Sant qu’à celui de Kubrick, avec un mise en scène assez splendide, faite de longs travellings, avec une caméra sinueuse, parcourant les rues désertes du quartier où habite la famille, suivant les enfants à la trace dans les pièces de la maison familiale, mais aussi donnant vie aux rêves de Jack (Sean Penn), aux souvenirs de son enfance à travers des séquences aux accents psychédéliques.
Si le film dégage peu d’émotion au début, petit à petit, on la sent pourtant nous gagner, à mesure que les liens familiaux se fissurent, que la dureté devient plus présente au sein de la famille, et que l’empathie pour les enfants finit par nous gagner totalement.
Et les 2h18 que l’on redoutait un peu au départ passent finalement très vite, emportés que nous sommes dans ce rêve éveillé, dans cette œuvre étonnante, brillante, par moment délirante, par moment presque agaçante, mais dont on ressort avec l’impression d‘avoir assisté à un spectacle comme on n’en reverra pas de si tôt.
[8.5/10]
The Tree of Life Drame , Fantastique, réalisé par Terrence Malick
Avec Brad Pitt, Jessica Chastain, Sean Penn...
Durée : 02h18min
Date de sortie cinéma : 17 mai 2011
Palme d'Or : Festival International du Film de Cannes 2011