Sérotonine - Michel Houellebecq (2019)
Avec Sérotonine, Michel Houellebecq capte l'air du temps à sa manière. Les inconditionnels y retrouveront ce qui fait le sel habituel de ses romans, les autres passeront leur chemin, comme d'hab.
Si on n’en juge par les réactions critiques au moment de la sortie d’un livre de Houelbecq, c’est un toujours un nouveau chef-d’œuvre qui s’offre à nous. Une fois retombé l’emballement médiatique habituel autour de l’écrivain star, acteur poilant chez Guillaume Nicloux, on peut enfin se plonger dans la lecture de Sérotonine.
Un roman où il est question de dépression et d’antidépresseurs. Un roman où le personnage principal, triste comme la pluie, raconte ses amours déchus, et le monde qui va mal. Bref, le genre de roman pour lequel il faut être un minimum en forme si on veut aller jusqu’au bout, sachant que les choses ne vont pas forcément s’améliorer pour notre personnage au fil des pages. Un roman où ça bande mou, où l’on mange bizarrement et où l’on picole sévère (du Calvados surtout et même du Saint-Émilion pour accompagner une boîte de petits pois et des pêches au sirop).
On y retrouve ce mélange d’humour absurde, d’ironie, de politiquement incorrect et de situations cocasses, parfois un peu malaisantes, de sexe cru, et de digressions wikipediesesques un peu trop nombreuses et pas toujours précises.
Un livre où les gens et les villes en prennent pour leur grade, où l’on lit aussi des considérations très perspicaces sur l’écologie et le libéralisme économique, l’agriculture et sur l’échec de l’Europe. Un roman où l’on peut parler dans le même chapitre de Maurice Blanchot ou Cioran et de l’offre sportive du bouquet SFR.
Un roman qui parle de la France comme personne, qui capte l’air du temps à sa manière, un roman sur l’ennui, la solitude, sur le désespoir social, un roman patchwork où chacun pourra y trouver un peu de sens... à condition de faire l’effort. Du pur Houellebecq.
[7/10]
Michel Houellebecq, Sérotonine,
Flammarion, janvier 2019, 348 p., 22 €