"Oppenheimer" de Christopher Nolan
Avec Oppenheimer, Christopher Nolan signe un biopic ambitieux, par moment saisissant, mais qui n'évite pas un certain maniérisme et aussi des longueurs.
Le dernier film de Christopher Nolan que j’ai vu, Dunkerque, (2017) m’avait scotché par sa virtuosité, par la sécheresse du scénario et des dialogues, le choix des points de vue et sa manière de les orchestrer, l'absence d’héroïsation des personnages. Du grand cinéma !
Cette fois, Nolan s’attaque à nouveau à un fait historique et plus précisément à un personnage historique, à savoir Robert Oppenheimer, l’inventeur de la bombe atomique.
Sur deux niveaux de temporalité, l’un en couleur, et l’autre en noir et blanc, le film nous raconte l’ascension de ce scientifique new-yorkais à qui l’on va confier et la mission de réaliser une bombe nucléaire dans une période de course à l’armement, avant et pendant la deuxième guerre mondiale, au moment il est temps pour les USA de montrer qui est le patron.
D’emblée, on retrouve l’esthétique et les gimmicks de mise en scène propre au cinéma de Nolan à savoir musique assourdissant et omniprésente, des effets sonores et visuels très marqués et répétitifs, une façon comme une autre de se démarquer du commun des réalisateurs dans un exercice aussi classique que celui du Biopic.
Le film est divisé, grosso modo, en trois parties dont la plus intéressante se situe moment où Oppenheimer et ses équipes s’installent dans le désert Nouveau-Mexique pour l’opération Trinity, montrant à cette occasion des qualités de mise en scène remarquables... Avant de conclure, une dernière partie, très bavarde, au moment du maccarthysme où Oppenheimer est entendu, si ce n’est jugé, pour son passé pro-communiste dans une forme proche du film dossier cher à Oliver Stone mais loin d’être intéressante… mais était-elle pour autant indispensable au bout deux heures de film ?
Sans être un très grand film, Oppenheimer, s’en tire avec certains honneurs, montrant avec une certaine habileté toute la complexité du projet avec d’un côté, des scientifiques jouant les apprentis-sorciers, aveuglés par leur soif de faire avancer leur projet si macabre soit-il, et de l’autre des politiques et des militaires, exerçant sans cesse une pression sur Oppenheimer pour faire avancer le projet le plus vite possible.
Malgré un début assez laborieux, certaines longueurs qui plombent le rythme du film, une forme de maniérisme parfois éprouvante, Oppenheimer reste, sur l’échelle des blockbusters US, un film solide et surtout intelligent qui soulève bien des questions morales… chose suffisamment rare dans la production hollywoodienne, pour être signalé.
❤❤
Oppenheimer - de Christopher Nolan
Avec : Cillian Murphy, Emily Blunt, Matt Damon…
3h 01min - en salle depuis le 19 juillet 2023
