L'Herbe des nuits, de Patrick Modiano
Depuis un peu plus de 40 ans, les livres de Modiano partent à la recherche du perdu. Comme les épisodes d’une très longue série où le temps et les souvenirs tiendraient les rôles principaux, l’œuvre de l’écrivain parisien s’écrit au passé et continue de fasciner autant qu’elle peut combler ses fans les plus acharnés. Une œuvre dont chaque nouvelle pièce reste un moment de littérature incontournable et vital.
Dans "L'Herbe des nuits", Modiano nous plonge dans la France des années 60, en pleine affaire Ben Barka, jamais nommée, mais dont on sent en permanence l’ombre planer sur ce récit. On suit durant 190 pages le narrateur et son amie, une jeune femme nommée Dannie, familière d’une bande de types bizarres qui logent à Unic hôtel, rue du Montparnasse, à Paris.
Sur les traces de cette Dannie et d’après les souvenirs, par moment flous, du narrateur (c’est tout ce qui en fait leur charme), on visite le Paris de cette époque, plus précisément ce XIIIème arrondissement où se déroule l’action du livre. La nuit, les cafés, les bars, les ruelles, les maisons... comme d’habitude chez Modiano tout in est parfaitement décrit, précis, pour nous faire vivre cette fausse cavale amoureuse, cette liaison incertaine entre le narrateur et cette Dannie dont il ne sait au fond pas grand chose et sur laquelle repose de nombreuses énigmes et surtout une sensation de danger permanent. C’est sans doute pour cette raison qu’il l’aime et que le lecteur se révèle vite intrigué et passionné par le récit de Modiano.
Livre rempli de mystères, de portes ouvertes que l’on ne referme que rarement, de personnages furtifs et louches, "L'Herbe des nuits" interroge encore une fois sur ce qu’il reste du passé. Le livre montre comment l’auteur se l’approprie, le reconstitue, à partir de notes, de déambulations, de rencontres, de souvenirs, comme un détective enquêtant sur sa propre vie. Et c’est encore une fois passionnant.
[8/10]
Patrick Modiano : L'Herbe des nuits
Editions Gallimard
192 pages - 16.90€
Parution : 4 octobre 2012
