"Les Intranquilles", de Joachim Lafosse : un film d’un réalisme absolu
Dans Les Intranquilles, Joachim Lafosse filme à nouveau avec maestria la lente et progressive désintégration d'un couple causée ici par la maladie mentale du père (immense Damien Bonnard). Un film dur et saisissant.
Joachim Lafosse l’a prouvé par le passé, il sait parfaitement ausculter et expliquer comment un couple ou une famille peut se désintégrer petit à petit. Dans l’économie du couple, il racontait admirablement comment l’argent avait détruit l’amour d’un homme et une femme. Avec Les Intranquilles il montre comment la maladie mentale d’un père va peu à peu désagréger la vie d’une famille simple et heureuse.
Avec la distance nécessaire, tout en filmant ses personnages au plus près, le réalisateur belge pose sa caméra au cœur de la cellule familiale pour mieux la décrypter et montrer comment la bipolarité du père, à travers ses crises, à travers ses délires presque sans limite, va ronger tout doucement les liens familiaux. Sans aucune démonstration médicale ou psychologique, le réalisateur filme à travers de longues séquences des moments de vie très compliqués, tendus et parfois totalement absurdes mais avec toujours beaucoup de justesse.
Damien Bonnard est époustouflant dans le rôle du père artiste peintre et dont le métier est nourri par sa maladie. Quant à Leila Bekhti, elle l’incarne avec une détermination là aussi saisissante le rôle de l’épouse aimante et protectrice acculée face a la maladie de plus en plus envahissante de son homme. Mention particulière également ou petit garçon Amin (Gabriel Merz Chammah) dans le rôle du fils auquel Lafosse accorde une place également très importante dans son histoire.
Un film dur, saisissant, parfois peut-être un peu long sur certaines séquences, mais empreint d’un réalisme absolu.
❤❤❤
Les Intranquilles de Joachim Lafosse
29 septembre 2021