"L’enlèvement" de Marco Bellocchio
Plus décevant pour sa forme que pour le reste, L’enlèvement de Marco Bellocchio est un film intéressant à défaut d'être passionnant.
Après avoir vu, enfin, L’enlèvement, je dois dire que la déception est à la hauteur des attentes (trop grandes sans doute) que j’avais pour ce film. Non pas que la dernière réalisation de Marco Bellocchio soit un mauvais film, loin de là, mais je n'ai jamais réussi à me passionner pour cette histoire… sans doute le sujet et à la manière de la raconter ont-ils contribué à cela.
Cet auteur qui me passionne tant quand il raconte l’histoire de l’Italie contemporaine (Esterno notte, Le traitre...) m’a quelque peu laissé à distance quand il évoque cette histoire d’enfant juif enlevé à sa famille pour en faire un enfant de la chrétienté.
Concernant la dimension historique, rien à dire : le sujet est plutôt intéressant au départ. Sur le jeu des acteurs, l’incarnation est plutôt convaincante, hormis peut-être le Pape, joué et filmé de manière assez étrange, versant plutôt dans le grotesque que dans le réalisme.
Non, ce qui est m'a le plus gêné dans ce film, c’est la mise en scène, la forme donnée à ce récit, plus proche pour moi du docu-fiction (un film pour "Les Dossiers de l’écran", comme on disait dans le temps) que d’un film de cinéma avec une dimension romanesque, épique telles qu'on aurait pu avoir... mais apparemment ce n’est pas ce que Bellocchio voulait... Peut-être est-ce aussi à cause d’un manque de moyens ?
Certes, on retrouve bien la "sécheresse" propre à certains films du cinéaste italien, mais à aucun moment, je n’ai ressenti le souffle, l’émotion et le mystère qui peuvent découler de cet enlèvement, de cette manipulation et de cette conversion.
La mise en scène manque de force, de ressort dramatique. De plus, la musique omniprésente et assourdissant, devient au final plus un point faible qu’autre chose.
On a l’impression tout au long du film que Bellocchio a voulu rester dans le factuel le plus possible, tout en apportant une touche par moment baroque ou onirique, comme il l’a d'ailleurs déjà fait par le passé.
Dommage car un tel sujet aurait pu donner une belle et grande fresque historique comme le cinéma sait parfois nous en offrir.
❤❤
Durée : 2h05min
Date de sortie : 1er novembre 2023
