La République du catch - Nicolas de Crécy
Avec la "République du catch", Nicolas de Crécy signe un retour à la BD assez inattendu, s’appropriant les codes du manga pour les transcender et les adapter à son propre un univers. Brillant.
Après avoir laissé un peu de côté la bande dessinée au cours de ces dernières années, (sa dernière vraie BD étant la série Salvatore conclue en 2010), Nicolas de Crécy revient avec une livre au format manga paru en amont dans la revue japonaise Ultra Jump.
Si De Crécy s’est essayé par le passé à divers styles graphiques ou narratifs, c’est la première fois qu’il se lance dans l’écriture d’un manga. Un travail qui fait suite à une commande d’une maison d’édition japonaise.
Manga ou pas manga, La République du catch ne perturbera pas outre mesure le lecteur car reprenant bon nombre de codes propres à l’univers et au style inimitable de Nicolas de Crécy. Dans cette nouvelle histoire, on suit le traces de Mario, un drôle de petit bonhomme à lunettes, un vendeur de pianos issu d’une famille de mafieux pas comme les autres dont le chef n'est autre que son propre neveu, un méchant bébé nommé Enzo. Plutôt pacifiste et très différent de ses oncles et de ses cousins, Mario préfère consacrer son temps à son seul ami, un manchot pianiste et surtout à son amour platonique, Bérénice, membre de la République du catch. L’occasion lui est donnée de séduire sa belle quand Enzo lui confie une mission un peu particulière...
Plonger dans La République du catch, c’est redécouvrir l’univers merveilleux, poétique, fantastique, dramatique, drôle et absurde de Nicolas de Crécy. C’est découvrir des personnages à la fois humains, machines et monstres qui ne ressemblent à rien de connu mais qui dégagent beaucoup de choses, c’est faire fi de toute logique, de toute normalité de toute rationalité.
Encore une fois, l’auteur de Léon la Came (un BD à redécouvrir d’urgence !) séduit avec un style encore sans égal dans le monde de la bande dessinée actuelle. Mieux, il s’approprie ici les codes du manga pour les faire fait rejaillir dans son propre univers, bousculant ainsi le rythme habituellement lent de ses récits en donnant à sa narration, une dynamique, une vivacité jamais attente jusqu’alors. Ce mélange, improbable au départ, donne en fin de compte quelque chose de très réussi. Le découpage la mise en scène très nerveuse du manga se mariant finalement très bien à son univers surréaliste et onirique.
[7.5/10]
La République du catch
Scénario & dessin : Nicolas de Crécy
Éditions Casterman
220 pages - 20€
Parution : 15 avril 2015