"Hiver à Sokcho", film de Koya Kamura
Malgré ses qualités, et de beaux personnages, Hiver à Sokcho reste trop sur la retenue et aurait sans doute pu être beaucoup plus emballant.
Premier film du réalisateur français d’origine japonaise Koya Kamura, Hiver à Sokcho, nous entraîne sur les traces de Yan Kerrand, parti trouver l’inspiration en Corée du Sud, en plein hiver. Cet artiste dessinateur, inspiré par Corto Maltese et Philémon, débarque dans une petite pension où travail Soo-Ha, une jeune femme en manque de repères, lassée par le côté très superficiel de son petit ami, et qui, très vite, va tomber sous le charme de cet étranger mutique austère, avec lequel elle va tenter d’établir la communication... voire plus, si affinité.
Adapté du roman d'Elisa Shua Dusapin, ce film nous promène dans cette petite ville enneigée de Corée du Sud, aux ruelles étroites, pas dénuée de charme, malgré la saison. Dans des tons bleu-gris, le réalisateur, met en scène, deux personnages très différents, mais attachants, chacun leur manière, et qui semblent tous deux à la recherche de quelque chose, sans que les choses soient clairement explicitées de prime abord, et c’est d’ailleurs tout ce qui fait le charme du film, montrant deux âmes pudiques qui vont finir par d’apprivoiser mutuellement mais sans pour autant se livrer totalement.
Hiver à Sokcho est un film intime, d’une infinie délicatesse, porté par un duo d’acteurs parfaits dans leur rôle (Bella Kim et Roschdy Zem) incarnant bien le mystère qui se dégage de leur personnage. Autour d’eux, gravitent une mère qui souhaite que sa fille trouve le bonheur avec son fiancé et le propriétaire de la pension, ronchon mais bienveillant pour sa jeune employée.
Toutefois, on pourra regretter que le film ait du mal à "passer la seconde", à gagner en intensité, restant toujours sur cet entre-deux, pas désagréable, même assez confortable, mais sans réussir à aller au delà des clichés et des représentations, principalement incarnés par Roschdy Zem, qui coche tous les cases de l’artiste qui fait corps avec la matière, solitaire, bourru, venu chercher l’inspiration au bout du Monde.
Au final, on reste un peu sur sa faim pour ce film qui promettait tant, et qui, finalement, ne parviendra jamais à nous sortir de la froideur ambiante, malgré quelques beaux moments quand même.
Quant aux parties réalisées en animation, elles n’apportent pas grand-chose, si ce n’est donner une dimension artistique un peu plus prononcée à l’ensemble.
❤❤
Durée : 1h45min
Date de sortie en salle : 8 janvier 2025