Eric Faye : Nagasaki
Partant d’un fait divers survenu au Japon en 2008, Eric Faye raconte comment un quinquagénaire célibataire, vivant seul dans sa maison découvre par de petits détails (des objets qui changent de place), que celle-ci semble habitée par une autre personne que lui. Pour vérifier ses soupçons, il décide d’installer une webcam dans la cuisine qu'il contrôle depuis son travail. Espérant voir le fantôme se dévoiler et découvrir son apparence, il scrute son écran d'ordinateur jusqu’au moment où une silhouette de femme apparaît dans sa cuisine...
Grand Prix du roman de l'Académie Française 2010, "Nagasaki" est un roman à la trame extrêmement simple mais qui a le mérite de vous captiver de bout en bout. D’abord parce que ce fait divers, peu banal, est extrêmement bien rendu, avec un récit bien écrit, très précis dans ses descriptions, réussissant à nous faire ressentir toute la solitude des personnages du roman, avec, d’une part, l’homme scrutant les faits et gestes de sa proie via son écran d’ordinateur, et d’autre part, cette femme violant avec beaucoup de respect et de discrétion l’intimité de cet hôte, bien malgré lui.
Sans porter le moindre jugement ni aucune conclusion sur les actes de chacun, ne prenant parti ni pour l’un ni pour l’autre et leur donnant, tour à tour, la parole, nous laissant presque espérer une rencontre entre les deux, Eric Faye signe un roman aussi sobre que court, mais réellement captivant et, en fin de compte, assez touchant.
"Nagasaki" est un roman bien à l’image des récits japonais dans lesquels les auteurs attachent beaucoup d’importance aux petits détails du quotidien, à la valeur du temps qui passe, au plaisir de la lenteur, au souvenir des lieux fréquentés durant la jeunesse, avec toute la mélancolie qui peut s’en dégager.
[8/10]
Eric Faye : Nagasaki
Editions Stock
112 pages - 13€
Parution : août 2010