Jean Echenoz : Des éclairs
Après le pianiste Maurice Ravel, le coureur de fond Emil Zátopek, Jean Echenoz s’attaque à un nouveau personnage historique au destin singulier, le scientifique et génie de l’électricité Nikola Tesla, présenté dans le livre sous le pseudonyme de Gregor.
Comme Ravel et Zátopek, Tesla/Gregor présente la particularité d’être un personnage en marge, au destin malheureux et dont le génie ne sera reconnu qu'après sa mort. Mais comme souvent, ce n’est pas tant la figure historique qui intéresse Echenoz, mais plutôt l’homme de tous les jours, l’homme dans sa solitude, face à son destin, l'homme dans sa manière d’appréhender le quotidien tout en étant un être hors du commun.
Echenoz nous présente Gregor comme un être plutôt antipathique, voire colérique mais assez généreux dès qu’il s’agit de faire profiter de ses géniales inventions à l’Amérique entière. Vivant seul dans la luxueuse suite d’un hôtel new yorkais et n’ayant que pour unique compagnie celle des pigeons. Gregor est un être profondément mélancolique qui ne vit que pour son travail, pour son œuvre, n’ayant aucune relation sentimentale connue, nourrissant seulement un amour platonique pour la femme de son mécène. Mais Gregor est un personnage au destin romanesque, qui après avoir connu le succès et la reconnaissance de ses pairs, finira dans la misère, un peu comme Ravel et Zatopek, dépouillé qu’il fut de ses inventions par des gens plus pragmatiques et plus malins que lui.
Malgré le côté désespéré de ce personnage, c’est avec toujours plein d’humour, de phrases décalées, de comparaisons absurdes qu’Echenoz nous raconte cette vie, et c’est pour ça que les livres de cet écrivain sont toujours si plaisants à lire, si ludiques, si intelligents dans l’écriture.
[8.5/10]
Jean Echenoz : Des éclairs
Editions de Minuit
174 pages - 14€
Parution : septembre 2010