“Benedetta” de Paul Verhoeven : In god we trust !
L'un des derniers rares réalisateurs subversifs et provocateurs, Paul Verhoeven signe après Elle un second film "français" avec le tout aussi (si ce n'est plus) troublant Benedetta.
Loin des codes du cinéma hollywoodien, le cinéaste hollandais réunit un très beau casting dans une reconstitution historique soignée pour adapter le livre de Judith C. Brown, Sœur Benedetta, et raconter la vie d’une none à la fois sainte et lesbienne qui vécut dans un couvent en Toscane au XVIIe siècle. Frappée de crises mystiques, conversant avec Jésus, elle passa en très peu temps du statut de Sainte à celui d’hérétique, condamnée à finir sur un bûcher.
Ce personnage haut en couleurs, à la fois habité par Dieu et provocateur pour ses relations lesbiennes au sein d’un couvent trouvera aisément sa place dans la cinématographie de Paul Verhoeven. L’auteur de La Chair et le Sang, dresse le portrait d’une femme libre et ambiguë, à la fois illuminée et manipulatrice, victime et coupable et qui semble, au fil du temps, se persuader de la véracité de sa liaison directe avec le Christ.
Entre croyances, jeux de dupes, mauvais goût et ironie bienvenue, le cinéaste dresse un tableau assez jubilatoire de cette Eglise italienne protégée derrière des principes, avec une histoire troublante servie par des actrices en grande forme : Virginie Efira en tête qui tient là sans doute l’un des rôles les plus importants de sa carrière, mais également la jeune Daphné Patakia ou encore Charlotte Rampling, plus impressionnante que jamais dans ce film.
Un film qui n’a pas peur de choquer les plus vertueux, qui ne lésine pas sur la provoc, comme le faisaient en leur temps les films de Mario Bava ou plus tard ceux de Dargio Argento, à l'époque du Giallo, avec ce sulfureux mélange d’érotisme, de gothique, de religion et de romanesque qui donne ici sa pleine mesure dans la seconde partie du film.
❤❤❤
Benedetta
Film de Paul Verhoeven - 9 juillet 2021