Alain Bashung - L'imprudence (2002)
On n’entre dans pas dans "L'imprudence" comme dans un moulin, l’oreille distraite et un livre à la main. L’approche se fait consciencieuse, en prenant le temps de savourer l’une après l’autre les chansons qui se succèdent le temps de 66 minutes de bonheur.
Avec une superbe photo style fin XIXème en couverture, Bashung annonce la couleur : noire de chez noir. Après une "Fantaisie Militaire" en 1998, déjà incroyablement osée, Bashung nous surprend et nous envoûte une nouvelle fois, avec une structure musicale complexe et hors-norme pour un artiste de chanson française. Mais lorsque l’on connaît le parcours du bonhomme, on n’est pas vraiment surpris d’entendre des chansons si audacieuses, si particulières et si travaillées chez un homme pour qui le non-conformisme a souvent été une marque de fabrique.
Comment donc ne pas succomber aux charmes sombres et romantiques de chansons telles que "Faites monter", formidable bande annonce de l’album ou encore "tel", ouverture parfaite et arrangements superbes pour un disque qui n’en finit jamais de dévoiler sa richesse au fil des écoutes. On n’oubliera pas "Je me dore" que l’on jurerait arrangée par Craig Armstrong ou encore "Mes bras", sans doute le plus beau texte de cet album, porté par des arrangements baroques et mystiques à la fois.
Avec "L'imprudence", Bashung inquiète, Bashung fascine, et plus l’album avance et plus on semble s’enfoncer dans un univers ténébreux et passionnat à la fois. Bref, Bashung nous étourdit et nous désoriente à chaque titre, et on termine l’album presque à bout de souffle. Et l'artiste lui, reprend les choses là où elles avaient commencé avec, en conclusion, une magnifique variation sur "Tel" (le premier morceau de l’album) intitulée tout simplement : L’imprudence.
[9/10]
Alain Bashung - L'imprudence
Barclay/Universal - 2002